Jérusalem, de notre correspondant.
Les Israéliens ne cessent de reconstituer le meurtre de Yitzhak Rabin, il y a quatre ans. Jeudi soir, ils étaient des dizaines de milliers rassemblés sur la place qui porte aujourd'hui son nom, à Tel-Aviv. «Nous n'avons pas peur», leur a lancé Ehud Barak à l'endroit même où périt son prédécesseur travailliste. «Nous n'avons pas peur», ont répondu en choeur les manifestants. Le Premier ministre ne venait-il pas de tenir tête à ses services de sécurité qui, craignant pour sa vie, le conjuraient de ne pas participer à la commémoration? Barak s'est d'abord adressé à la foule via un écran géant, depuis un parking ceinturé par la police. Il n'a gagné le podium qu'à la fin et sans prévenir. Les policiers voulaient initialement qu'il soit derrière une vitre blindée: «Je ne suis pas le pape», s'est-il écrié.
«Contextes différents». Pourquoi une telle prudence policière alors que, en dépit de la reprise du processus de paix, «les contextes sont totalement différents. Il n'y a pas aujourd'hui d'attentats, d'appels au meurtre ou de conflit ouvert avec les colons», indique le politologue Ehud Sprinzak. La rue ne bouge pas. Ehud Barak ménage son opposition. Il évite d'engager le fer avec les ultra-nationalistes. La droite ne s'est toujours pas remise de sa défaite électorale et de sa crise idéologique. Pourtant, le pays, quatre ans après, ressasse son deuil avec une vigueur redoublée. A l'obsession d'un nouveau crime politique s'ajoute une exigence de vér