Marrakech, envoyée spéciale.
République et monarchie ne connaissent décidément aucun des affres d'une cohabitation difficile et n'ont aucun complexe à coopérer de plus en plus étroitement. Encore moins à l'afficher. C'est sans doute là la vraie nouveauté des rapports «privilégiés» qu'entretiennent Paris et Rabat et qui se sont concrétisés d'une manière inédite à l'issue de la visite de 36 heures que Lionel Jospin a achevée vendredi soir au Maroc. Pour la première fois en effet, une déclaration commune franco-marocaine fait état d'une volonté d'aller vers une coopération «sur le plan militaire».
Le vocabulaire utilisé pour définir ces rapports a été au diapason. Le Premier ministre français a loué son «amitié» avec son homologue Abderrahmane Youssoufi avec lequel il entretient une longue relation au sein de l'Internationale socialiste. Il s'est félicité du «privilège» d'avoir été reçu plus d'une heure par le roi Mohammed VI et a exprimé son «bonheur» d'être au Maroc. Une semaine plus tôt, Jacques Chirac avait effectué une visite surprise à Rabat pour exprimer au jeune monarque un sentiment quasi «affectif». Mohammed VI, en prenant lui-même le volant de la voiture qui reconduisit Chirac à l'aéroport, rendit la courtoisie de manière inédite! On est loin du temps où Paris avait quelque gêne à assumer publiquement sa relation avec un pays englué dans ses années de plomb. Le Maroc est devenu «l'un des rares pays avec lequel nous entretenons une relation semblable à celle qui nous l