Sydney; de notre correspondante.
Le soleil griffe la pelouse de ses premiers rayons et les vieux Chinois de Cabramatta achèvent les arabesques du taï chi. Ils sont ici chez eux, dans ce quartier situé à une heure de voiture du centre de Sydney, mais en plein coeur d'un territoire où s'entremêlent 109 nationalités. Cabramatta fut d'abord la terre des Aborigènes, puis la banlieue des Irlandais et, enfin, dans les années 70, le refuge de milliers de Vietnamiens, Cambodgiens, Laotiens auxquels se sont ajoutés les Iraniens, les Hongrois, les Russes" Ici, la reine fut-elle d'Angleterre et d'Australie n'a pas plus de valeur que la dame d'un jeu de cartes qui, aujourd'hui samedi, sera peut-être redistribué. Par référendum, les Australiens vont choisir entre la reine et la république. Entre deux siècles d'une tradition toute britannique et un avenir qui reste à inventer.
Multiculturel. Parce que chinoise au Viêt-nam, la jeune artiste My Le était, dans son village natal, montrée du doigt. Dix ans après avoir émigré, et en dépit de son passeport australien, elle demeure une «Asiatique»: «J'étais une étrangère au Vietnam, je suis une étrangère en Australie. Il existe encore beaucoup d'incompréhension dans ce pays. A cause de la couleur ma peau, je ne serai sans doute jamais totalement acceptée.» Pour conjurer le sort, elle maquille d'un jaune acide les portraits qu'elle réalise de Pauline Hanson. La présidente du parti politique One Nation ne veut en effet ni de la république ni des