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Libération

Rencontre avec le président tchétchène dans la capitale bombardée. «Jamais les russes ne prendront Grozny».

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publié le 6 novembre 1999 à 1h49

Grozny, envoyée spéciale.

Pas facile de rencontrer le président tchétchène, pourtant élu par son peuple en février 1997 mais désavoué par Moscou depuis le début de l'opération «antiterroriste». Aslan Maskhadov ne se cache pas, il se protège. Depuis que deux missiles russes sont récemment tombés sur le marché central de Grozny et sur une maternité en face de la présidence, il ne travaille plus dans son bureau officiel. «J'y suis passé hier encore, note-t-il, le regard amusé, mais je me suis dit que ce n'était pas la peine de leur donner ce plaisir-là.»

Sept gardes du corps. Le président tchétchène change de bureau tous les jours, les espaces ne manquant pas dans Grozny vidé de ses habitants. Cette fois-ci, il se trouvait à quelques minutes en voiture du centre. Dans la cour intérieure, derrière les hauts murs en briques, sept gardes du corps attendent en devisant. Le bruit du générateur d'électricité couvre tous les autres. C'est l'heure de la prière, aussi attend-on patiemment que celle-ci se termine avant d'être autorisé à pénétrer dans la maison par un jeune homme en tenue de camouflage, coiffé d'un chapeau de prière.

Dans une immense pièce vide et glaciale, l'air calme et enjoué, se tient Aslan Maskhadov. Il porte une tenue de camouflage kaki. Enfilé sous sa veste, son gilet pare-balles lui donne une carrure imposante. Sur son bureau, un drapeau tchétchène en plastique et des porte-documents qui portent la simple mention écrite au feutre noir «Aslan Maskhadov». L'homme pa