Sept heures et demie du matin, station Ruhleben, point de départ du U2, une des lignes de métro qui traversent Berlin d'ouest en est. Le tortillard jaune se remplit de banlieusards qui partent travailler au centre ville. Il faut se serrer sur les banquettes, jusqu'à la gare de Wittenbergplatz. Là, les rames se vident. Le U2 s'élance vers l'est, mais sans grand monde. Dix ans après la chute du Mur, les lignes Est-Ouest ont été rétablies. Courbe. Dans les habitudes des Berlinois, un mur invisible continue pourtant de couper la ville en deux. Lothar Nitzschke, responsable des plannings du métro à la BVG, la société des transports publics de Berlin, dessine une courbe ondulée: «Nous n'avons plus de mur, mais nous avons des vagues: un pic de voyageurs dans la partie ouest, puis un grand creux au centre, puis un nouveau flot de voyageurs du côté est.»
Une enquête récente de la BVG auprès de 61 000 ménages a montré que la plupart des Berlinois, surtout ceux de l'Ouest, restent encore cantonnés dans leur moitié de ville. Le seul gros flux Est-Ouest est celui des Allemands de l'Est qui vont travailler à l'Ouest. Le soir, les Berlinois de l'Ouest poussent aussi parfois à l'Est jusqu'à Mitte ou Prenzlauer Berg, devenus les nouveaux quartiers en vogue de Berlin, avec leurs enfilades de bistrots, boîtes ou restaurants chics. «Mais ce n'est plus l'Est! C'est un prolongement de Berlin Ouest», ironisent les gens de l'Est qui ne s'y reconnaissent plus.
Depuis les quais de métro ou les arrêts d