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Libération

Sa Majesté des pauvres. L'action sociale royale cherche à concurrencer celle des islamistes .

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publié le 8 novembre 1999 à 1h50

Rabat envoyée spéciale

La campagne de communication, qui fait appel aux artistes et sportifs les plus populaires, est menée tambour battant. Montrant un adolescent sur une chaise roulante, la publicité s'étale dans la presse: «Il ne marchera plus jamais mais, grâce à vous, il pourra avancer dans la vie.» Les spots télévisés se multiplient pendant que s'arrachent deux millions de pin's ­ «Unis pour aider les démunis» ­ et des timbres émis pour l'occasion, vendus 5 et 6 dirhams pièce (3 francs environ), dont les recettes iront aux exclus. Les «loups». Désormais, au Maroc, la pauvreté, que l'on s'évertuait à nier en haut lieu, s'affiche. Du coup, Fatima n'en doute pas: «Le roi prend les pauvres au sérieux.» Mais elle ignore si «les loups qui sont tout autour l'aideront». Ces «loups», ils étaient là aussi, lundi dernier, applaudissant debout le nouveau roi venu dire au Tout-Rabat-Casa que «le développement du pays est impossible si certaines couches de la société sont marginalisées». Arborant pin's et barbe rase, Mohammed VI confortait son image «sociale» en lançant la «seconde campagne de lutte contre la pauvreté».

Cela peut prêter à sourire dans un pays où le roi a amassé une immense fortune alors que près de la moitié de la population survit avec moins de 300 francs par mois, et que six millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Un pays où un gosse des bidonvilles surgis sur les terrasses de Casablanca lance, résigné: «Les pauvres ne vivent pas, ils tiennent