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Libération
Éditorial

La mémoire courte

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publié le 9 novembre 1999 à 1h52
(mis à jour le 9 novembre 1999 à 1h52)

Il arrive, bien plus souvent qu'il ne conviendrait, que les hommes aient la mémoire courte. C'est bien pourquoi il faut célébrer, au plein sens du mot, ce dixième anniversaire de l'effondrement du mur de Berlin, la disparition de ce symbole du «communisme réel». Erigé à la hâte et dans la panique, pendant l'été 1961, pour enrayer l'hémorragie humaine qui menaçait de vider la RDA de ses forces vives, le mur était un produit presque parfait du système qu'il était chargé de défendre: construit à l'origine de parpaings et d'éléments préfabriqués de mauvaise qualité, hérissé de barbelés, couronné de miradors, il a beaucoup tué; et il était encore plus laid qu'une muraille de prison. Mais il remplit le même office pendant vingt-huit ans, condamnant un demi-peuple à attendre des lendemains radieux. Officiellement au grand dam des Occidentaux. Mais bon nombre de ces derniers, en réalité, avaient fini par s'en accommoder, que ce soit au nom de l'équilibre de la terreur ou en vertu du célèbre mot de François Mauriac repris encore aujourd'hui par quelques imbéciles: «J'aime tant l'Allemagne que je préfère qu'il y en ait deux».

Malgré les grincements de dents de dame Thatcher et les tergiversations de François Mitterrand, la saillie de Mauriac a fait long feu. Et, avec la réunification de l'Allemagne, bientôt suivie par l'implosion soviétique et la libération des faux «pays frères», a commencé le XXIe siècle. Presque dans l'euphorie, d'abord. A en croire George Bush, l'autre artisan de l