Rendez-vous avait été pris dans un grand hôtel de Casablanca. Le
ministre de l'Intérieur n'étant pas venu, le réceptionniste n'accepte pas pour autant de prendre un message. «Attendez, j'appelle à l'étage.» Là-haut, installés dans une suite, les hommes de Driss Basri assurent l'ordinaire de leur travail: l'écoute des communications, la surveillance d'un lieu public très fréquenté, aussi par des étrangers" Obligeamment, le maître «Oui sidi, non sidi» est joint par téléphone. Après une journée harassante, la première de la tournée à travers le royaume qu'a entreprise Mohammed VI, Driss Basri se repose dans une villa de fonction au sud de la capitale économique. «Venez me voir, oubliez le dîner avec vos amis.» Une Mercedes file à toute allure, mais s'arrête aux feux rouges. «Puisque, maintenant, même le roi s'y arrête», s'excuse l'accompagnateur. A l'arrivée, on redécouvre le Maroc tel qu'il était avant la mort de Hassan II et l'avènement au pouvoir de son fils. Dans une bâtisse anonyme, pourvue d'une piscine illuminée dans le jardin, les garants de l'ordre veillent au grain. Toujours branchée, la radio grésille pendant que, affalés devant un grand écran de télévision sur lequel repasse le film de la journée, le gouverneur, le ponte des «services», l'ordonnance et les chauffeurs se tiennent «à disposition».
Toile d'araignée sécuritaire. Driss Basri arrive. Un verre de porto à la main, cigarillo aux lèvres, il a endossé une robe d'intérieur satinée. Il est au repos, au sein d