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Libération

Irréductibles Portoricains contre US Navy. L'île de Vieques ne veut plus servir de champ de tir à l'armée américaine.

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publié le 12 novembre 1999 à 1h55

San Juan de Porto Rico, correspondance.

Depuis bientôt sept mois, Carlos Zenon, pêcheur sexagénaire à la peau tannée par le soleil, occupe avec une soixantaine d'autres personnes un champ de tir de l'US Navy à Vieques, petite île au large de Porto Rico. Cet acte de désobéissance civile a fait la une de la presse locale puis attiré l'attention de la presse nationale américaine. Ces irréductibles Portoricains, qui ont monté des tentes, des barricades, construit une chapelle et déclaré un «territoire libre de Vieques», défient en effet la plus grande armée du monde.

La petite île de 85 km2 est au coeur des luxuriantes Caraïbes mais les trois quarts de son territoire n'offrent qu'un paysage pelé. La flore y a été rasée, et quelque 3 000 habitants ont été déplacés vers les îles Vierges voisines après que l'US Navy en a pris possession, en 1941, pour en faire un prolongement de la base militaire de Roosevelt Roads, à Ceiba. Avec cent quatre-vingts jours de bombardements par an, Vieques est le champ de tir le plus actif des Etats-Unis. L'île est plus bombardée que ne l'ont été l'Irak ou le Kosovo. 80% des forces aériennes et navales engagées dans ces conflits s'étaient entraînées à Vieques. Or, entre la partie est, qui sert de terrain d'exercices au bombardement et au débarquement, et la partie ouest, utilisée pour le stockage de munitions, 9 300 personnes habitent les deux villages situés à une dizaine de kilomètres seulement des champs de tir.

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