La Haye, envoyée spéciale.
Le Serbe Dusan Tadic écoute sa sentence les yeux fermés. En deuxième instance, le Serbe bosniaque est condamné par le Tribunal pénal international (TPI) à vingt-cinq ans de prison au lieu des vingt initialement imposés. Tadic, dont le procès a été le premier a être entamé par le TPI en 1996, est bien connu à La Haye pour son air impassible et presque bourru. Jeudi matin, il paraissait accablé. «Je ne l'ai jamais vu aussi près des larmes en audience. Il est furieux», a révélé son avocat John Livingston. Arrêté en Allemagne en 1994, Tadic est en prison depuis cinq ans et demi et son procès a été particulièrement long du fait qu'il était sans précédent. En 1997, le Serbe était condamné à vingt ans de détention pour crime contre l'humanité, reconnu coupable d'avoir, en tant qu'agent de police, tué et tabassé des Musulmans dans plusieurs camps de détention de la région de Prijedor, dans le nord-ouest de la Bosnie.
Faux témoin. La peine de vingt ans de prison était un échec pour le procureur. Les juges avaient rejeté 20 des 31 chefs d'accusation pesant contre lui, grâce à l'exceptionnel travail d'enquête et de démonstration de l'avocat de Tadic, le Néerlandais Michaïl Wladimiroff. L'homme de loi avait réussi à démasquer un faux témoin de l'accusation et à démontrer que le conflit qui se jouait en 1992 en Bosnie n'était pas de nature internationale. Du coup, la Convention de Genève ne pouvait être appliquée et les chefs d'accusation la concernant étaient to