Au terme d'un procès de quarante-huit heures, un tribunal à Abidjan
a condamné hier à deux ans de prison ferme onze dirigeants du parti d'Alassane Ouattara, l'ancien Premier ministre qui se porte candidat à la présidentielle d'octobre 2000, mais auquel le pouvoir en place dénie sa nationalité ivoirienne pour le disqualifier de la course électorale. Cinq autres responsables du Rassemblement des républicains (RDR) ont été sanctionnés d'un an de prison, en vertu d'une loi «anti-casseur» qui engage leur responsabilité pour les dégâts occasionnés lors d'une marche de protestation contre la «partialité» des médias d'Etat, le 27 octobre, tandis que quatre prévenus ont été relaxés «au bénéfice du doute». Ces peines sont assorties de l'obligation solidaire de rembourser, à la régie abidjanaise des transports et au journal gouvernemental Fraternité Matin, des dommages chiffrés à 9,5 millions de francs. Les avocats de la défense vont faire appel.
«Le droit n'a pas été dit», a estimé l'un d'eux, Me Emmanuel Assy, regrettant que le tribunal n'ait pas rendu un jugement «pour réconcilier la Côte d'Ivoire avec elle-même». Le pouvoir «se saisit du judiciaire pour donner un aspect de légalité à un combat politique», avait plaidé jeudi le bâtonnier du barreau d'Abidjan, Me Adjé Tanoh. Le procureur avait requis la peine maximale de trois ans, s'écriant: «Là où le RDR passe, les Ivoiriens pleurent!» Hier, du sud-est de la France où il séjourne depuis le 19 septembre, Alassane Ouattara s'est déclar