La Havane, envoyé spécial.
Le Comandante n'est pas content. Il ne comprend pas pourquoi des journalistes étrangers ont cru utile d'assister mercredi à La Havane à une furtive manifestation de prétendus dissidents, ni pourquoi ils se sont émus de la brutale intervention des forces de l'ordre. Le soir même, la voix parfois enrouée de colère, Fidel Castro explique en direct à la télévision qu'il s'est agi d'une «provocation», et que les perturbateurs ont «gravement» irrité les spectateurs dans la rue: «Que se serait-il passé s'il n'y avait pas eu la police? Il y a des phénomènes psychologiques de masse bien connus, ils auraient pu se faire lyncher. Mais nous avons un peuple discipliné, et s'il y a de nouveaux incidents, j'ai confiance dans le niveau de responsabilité de la population.»
Huit heures durant, le président cubain a notamment fustigé la «fausseté» de Bill Clinton, accusant explicitement les Etats-Unis de manipuler les dissidents pour saboter le sommet ibéro-américain qui s'ouvre lundi à La Havane. Index levé, il a menacé, devant un auditoire épuisé: «Si quelqu'un se livre à des actes non autorisés, les autorités n'hésiteront pas à l'arrêter et à le soumettre à la justice.»
Aussitôt dit, aussitôt fait. Selon Elizardo Sanchez, président du Comité pour les droits de l'homme et la réconciliation, plus de 80 personnes ont été arrêtées ou assignées à résidence depuis le début de la semaine. Le régime veut empêcher les dissidents de se manifester, à l'occasion de la présence