Turquie (nord-ouest) envoyé spécial
AYalova la balnéaire, on l'appelait «la Promenade». Et pour l'évoquer, ses chic promeneurs turcs s'essayaient à l'accent français. Aujourd'hui, elle est hérissée de tentes. Des milliers de tentes, plantées là depuis trois mois, sur les pelouses, dans les allées qui longent la mer de Marmara et jusque sous l'obligée statue d'Atatürk, premier président de la République.
C'est là que Dogan attend, entouré de sa femme et de ses deux enfants. Son appartement n'existe plus, enseveli par le séisme du 17 août. «Au début, on espérait trouver une maison très vite et du travail aussi. Plus maintenant.» Dogan était chauffeur-livreur. Sa camionnette est inutilisable. «Chaque jour, je la vois.» A 200 mètres de sa tente, au rez-de-chaussée de son immeuble détruit, seul l'avant dépasse des gravats. Tous les jours, à midi, il fait la queue devant la tente des bénévoles venus d'Istanbul, à une heure de bateau. Ils lui remplissent sa casserole d'un potage clairet à la tomate, agrémenté de pois chiches. La même soupe, depuis trois mois.
Un seul préfabriqué.A Yalova, ils sont 20 000 dans son cas. Et 200 000 pour tout le nord-ouest de la Turquie, peut-être plus. «Personne ne sait vraiment. J'ai entendu dire qu'on pouvait être 600 000. On n'est sûr que d'une chose, c'est qu'on va passer l'hiver sous la tente», prédit le vieux Erdem en haussant les épaules. Lui s'est improvisé kamp müchürü (chef de camp) de la promenade de Yalova. Ce titre lui donne droit à une gu