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Libération

Les liquidateurs de Tchernobyl laissés pour compte. Souvent invalides, Moscou tente de rogner leurs indemnités.

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publié le 17 novembre 1999 à 1h42

Toula, envoyé spécial.

Sergueï Vorobiov, vice-président du comité Tchernobyl de Toula, exhibe le télégramme signé par le ministre du Travail, Kalachnikov, envoyé le 6 septembre à 15h39: cinq lignes certifiant que le gouvernement russe n'appliquera pas son arrêté du 1er juin avant son examen par la Cour suprême de Russie et, pour l'heure, «propose de ne pas changer le paiement des indemnités aux invalides de Tchernobyl».

Cet arrêté avait choqué les «liquidateurs» de Tchernobyl. Les termes en étaient alambiqués et abscons, mais ils ont appris à lire de tels textes: «nous avons dû devenir des spécialistes du droit russe, j'ai honte de le dire», rage Vorobiov (moineau, en russe). Après décryptage, ils en avaient mesuré «la perversité». Sous des atours avantageux, le texte revenait à rendre plus sélectifs les critères d'attribution des avantages sociaux accordés par l'Etat. Pour la plupart des liquidateurs, cela revenait à réduire de fait leur indemnité mensuelle pourtant souvent modeste, autour de 500 roubles (120 F). On leur demandait en effet d'apporter la preuve de leur maladie, ou, quatorze ans après, de prouver qu'ils avaient bien travaillé dans la «zone 3» (la plus sensible) alors que les preuves ont «curieusement» disparu des archives de l'état-major militaire à Moscou. C'en était trop.

Aucune allocation. Le 23 août dernier, 185 liquidateurs de la région de Toula (à environ 200 km de Moscou) entamaient une grève de la faim. 185 «invalides» de Tchernobyl dont une trentaine on