Comment mener une transition démocratique sans changer des
directeurs de la télévision et de la radio qui dépendent directement du ministère de l'Intérieur? Le roi Mohammed VI vient de mettre fin à cette quadrature du cercle en limogeant le tout-puissant ministre de l'Intérieur Driss Basri, considéré comme le vrai «patron» des dirigeants de la RTM (Radio et télévision marocaines), et en remplaçant deux de ses hommes à la tête des principaux médias officiels, l'agence MAP et TVM, la première chaîne de télévision. Seul Mohamed Tricha, le directeur général de la RTM, reste en place. Ce chambardement était attendu en vain depuis l'arrivée du «gouvernement d'alternance» dirigé par le socialiste Abderrahmane Youssoufi. A plusieurs reprises en effet, les demandes du Premier ministre de remplacer les directeurs des médias officiels se sont heurtées à une fin de non-recevoir du roi Hassan II. Du coup, tout changement dans ce secteur était devenu tabou. Au point que le gouvernement Youssoufi a récemment renoncé à diligenter des poursuites contre un des responsables de la MAP, auteur d'un détournement de 170 millions de dirhams (environ 106 millions de francs) pour ne pas accréditer l'idée d'une chasse aux sorcières!
Archaïsme. La nomination par Mohammed VI de deux de ses amis pour diriger TVM et l'agence de presse marocaine marque, certes, la volonté du roi de garder le contrôle de médias décisifs pour l'image du Maroc et pour un pays où la moitié de la population est analphabète et