Gårdskär, envoyé spécial.
Debout sur le quai flottant devant son bateau de pêche, le Beiron, Bror Muhr se retourne brusquement. L'homme a cru apercevoir un phoque remontant à la surface dans une gerbe d'eau. Mais il ne s'agissait que de quelques canards prenant leur envol. Bror Muhr, 55 ans, dont quarante passés à ramener des poissons de la mer Baltique à Gårdskär, un village de 400 habitants à 170 kilomètres au nord de Stockholm, est exaspéré. Depuis des années, le nombre de phoques augmente. Et ses prises de harengs et de saumons baissent proportionnellement. «L'an dernier, mon manque à gagner a dû atteindre les 50, 60 000 francs.»
Bror Muhr regarde autour de lui les cabanons en bois: une vingtaine formant un arc de cercle autour de la petite baie. «Mais il n'y en a plus que deux occupés par des pêcheurs professionnels. Les autres ont arrêté. Les cabanons servent maintenant de lieu de villégiature.» Bien sûr, les pêcheurs n'ont pas arrêté à cause des phoques, admet-il. Mais pour vivre de ce métier aujourd'hui, il faut de tels investissements que beaucoup ont baissé les bras. Alors, le retour des phoques en mer Baltique réjouit peu ceux qui s'accrochent. Certains pêcheurs affirment perdre plus des trois quarts de leur stock habituel. Aussi, comme les autres et à l'instar des préfectures longeant le golfe de Botnie, dans le nord de la Baltique, Bror Muhr réclame la reprise de la chasse au phoque, interdite depuis 1974 en Suède.
A l'époque, la mer Baltique était en si mauvais