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Libération

Burundi: représailles par le vide. Pour isoler les rebelles, le pouvoir regroupe de force les paysans hutus.

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par Eloïse COHEN
publié le 23 novembre 1999 à 1h35

Bujumbura, correspondance.

La population s'abrite sous des branchages ou des bâches en plastique pour se protéger du froid et de l'humidité, et la plupart des gens dorment à même le sol. Il ne s'agit pas d'un camp de réfugiés, mais d'un camp de Hutus regroupés de force dans des sites placés sous haute surveillance militaire aux alentours de Bujumbura. Des dizaines de «sites de protection», selon l'appellation officielle, qui regroupent plus de 260 000 paysans ­ près des deux tiers de la population de la province ­ depuis la mi-septembre, après une série d'attaques de groupes rebelles Hutus contre la capitale, en août et en septembre. Le pouvoir a alors lancé son armée à l'assaut des montagnes qui surplombent Bujumbura, et, selon une vieille tactique, les militaires ont choisi d'évacuer les civils, pour mieux isoler les rebelles.

Rations. Certains habitants de ces camps de regroupement parviennent à en sortir durant la journée pour aller cultiver leurs champs, au risque de se faire tuer par l'un ou l'autre belligérant. Mais la plupart dépendent exclusivement des rations fournies par les organisations humanitaires internationales. (L'une d'elles, Médecins sans frontières, a annoncé vendredi à Paris qu'après deux mois d'activité dans ces camps, «consacrée aux interventions, nous constatons que les conditions de regroupement sont toujours loin de répondre au minimum vital». En conséquence MSF a suspendu son intervention dans ces camps, et a «exprimé son inquiétude» au gouvernemen