Abdennour Ali Yahia est le fondateur de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (indépendante) et l'un des membres les plus importants du Comité pour la paix, créé il y a quelques mois avec Abdelkader Hachani, Abdelhamid Mehri, l'ancien patron du FLN, et Abdelaziz Belkadem, l'ex-président de l'Assemblée nationale populaire. Il répond aux questions de Libération au téléphone.
Comment interpréter cet assassinat, alors que l'on avait le sentiment, à l'étranger, que la situation s'était améliorée?
Ce qui se dit à l'étranger n'est pas la vérité. La vérité est que la loi sur la concorde civile a été un échec. C'était uniquement une loi sécuritaire: un Etat fort accorde le pardon à ceux qui ont «déserté». Elle n'a pas tenu compte de la fierté, de la dignité et surtout des convictions de ceux qui ont abandonné leur famille et ont couru le risque de mourir pour leurs convictions, qu'on les partage ou pas. On les considère désormais comme des «égarés». Cette loi n'a pas eu le résultat escompté par le pouvoir. Dans ce contexte, Abdelkader Hachani était un de ceux qui avaient l'appui, mais aussi la confiance et le respect d'une grande partie du peuple algérien. Parce qu'il voulait ramener la paix. Hachani était respecté pour son intelligence et sa foi: il n'était pas opportuniste et est allé jusqu'au bout de ses convictions. Il était un des éléments les plus importants du Comité de la paix. Il souhaitait que le dialogue soit ouvert entre tous les partis enracinés dans le peuple et le pouvoir, pour trouver une solution véritable à la crise, une véritable réconciliation nationale. C'est pour cet