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Libération

Le sida n'a jamais autant tué qu'en 1999. Traitements et prévention n'empêchent pas le «bulldozer» de progresser.

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publié le 24 novembre 1999 à 1h35

C'est le record le plus désespérant de cette fin de siècle. Malgré

les traitements, malgré les programmes de prévention, malgré la constitution d'une organisation mondiale unique regroupant toutes les agences internationales de l'ONU, bref, malgré le temps qui passe, jamais le sida n'a fait autant de morts. «L'année 1999 verra ainsi plus de 2,6 millions de décès dus au VIH, soit un total mondial supérieur à celui de n'importe laquelle des années écoulées depuis le début de l'épidémie», est-il ainsi écrit dans la toute première page du rapport de l'Onusida, rendu public, hier, à Paris et à Londres.

A entendre le docteur Awa Coll Seck, directrice adjointe de l'Onusida qui présentait ce travail annuel, on ne pouvait que ressentir un sentiment de fatalisme absolu. Ainsi, rien que pour les douze derniers mois, on estime à 5,6 millions le nombre de personnes nouvellement infectées par le sida. Soit près de 16 000 par jour. C'est-à-dire 640 par heure. «Alors que s'achève le XXe siècle, quelque 33,6 millions d'hommes, de femmes et d'enfants ont devant eux un avenir dominé par une maladie mortelle.» Ou encore: «Depuis l'arrivée du virus, 50 millions de personnes ont été touchées, et 16 millions en sont mortes.» Dans ce contexte, le docteur Coll Seck avait beau insister qu'«en Thaïlande ou aux Philippines l'épidémie avait été stoppée». Ou noter qu'«en Inde il y avait un meilleur système de surveillance» et que, finalement, «ce n'était pas 5 millions mais 4 millions d'Indiens touchés»,