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Libération

Petits arrangements avec le porc en Israël. Le tabou sur le cochon commence à tomber, après l'arrivée des immigrants russes.

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publié le 24 novembre 1999 à 1h27

Ashkelon, envoyé spécial.

Anatoly ne payera pas l'amende qu'on vient de lui coller, pas plus que les suivantes. «Quand vous commencez, c'est fini. Ils ne vous lâchent plus.» Il n'obéira pas davantage à l'arrêt rendu par le tribunal d'instance et confirmé en appel fin octobre. Il compte d'ailleurs se pourvoir devant la Cour suprême, la plus haute instance juridique israélienne, avec les 35 autres charcutiers de la ville. «Ce sera autant de répit. Pendant toute ma vie j'ai mangé du porc. Je veux continuer.» Un juge l'a condamné à une astreinte de 2 000 shekels, soit près de 3 000 F, pour avoir violé l'interdit qui frappe le quadrupède. Dans ses attendus, le magistrat a expliqué que l'«abomination du porc» était une «valeur nationale» au même titre que «l'hymne ou le drapeau». Haussement d'épaules du commerçant: «Le type est un religieux!»

Court sur pattes, sans cou, luisant de sueur, Anatoly présente une certaine ressemblance avec son animal préféré. Agé d'une quarantaine d'années, il vient de Kiev, en Ukraine, tout comme son épouse qui tient la caisse et l'employé chargé de la découpe. «Nous sommes un million (d'immigrants de l'ex-URSS, ndlr). Va-t-on nous priver de tout ça?», dit-il, le doigt pointé vers une forêt de salamis. Son échoppe, ouverte il y a deux ans et demi, déborde de cochonnailles. Petits salés, tranches de lard, côtelettes, mortadelle, langues écarlates, saucisses fumées" L'«abomination» s'étale sous toutes ses formes, ignorante des règles de la cacherout et de