Jérusalem, de notre correspondant.
Après un silence de treize ans, Mordechaï Vanunu, l'homme qui avait dévoilé l'existence de la bombe israélienne, retrouve la parole. Pour la première fois, la justice de son pays a autorisé la publication de larges extraits de son procès instruit à huis clos. Le principal quotidien, Yediot Aharonot, qui a obtenu la levée partielle du secret, reproduit dans son édition d'hier une partie des 1200 pages d'audience. Avec la fin de l'omerta, l'ancien technicien nucléaire, condamné pour espionnage, espère obtenir enfin sa mise en liberté.
«J'ai été enlevé à Rome, Itl (Italie).» Ce sont les derniers mots transmis au monde extérieur par Mordechaï Vanunu. Réfugié en Europe, il avait révélé au quotidien britannique The Sunday Times la présence à la centrale de Dimona, dans le désert du Néguev, d'un vaste arsenal nucléaire. Après une disparition de plusieurs mois, il était réapparu dans une voiture de police, à Jérusalem, en route pour le tribunal. Sur sa main, collé contre la vitre arrière, les journalistes avaient simplement pu lire son court message griffonné au stylo.
«Je voulais confirmer ce que tout le monde savait. Il est maintenant impossible à Pérès (alors Premier ministre) de mentir à Reagan en lui affirmant que nous n'avons pas l'arme nucléaire.» Ainsi s'exprime Vanunu devant ses juges. Le dossier contient peu de révélations explosives. Tout ce qui touche de près ou de loin au programme atomique ou au kidnapping du «traître» par un commando du