L'Uruguay basculera-t-il à gauche dimanche? A la veille du deuxième
tour de la présidentielle, le suspense reste entier pour un duel considéré comme «historique». Les sondages prévoient un écart minime (quelque 10 000 voix) entre les deux candidats en lice, Tabaré-Vázquez, à la tête de la coalition de gauche (Rassemblement progressiste/Front élargi), et Jorge Battle, représentant du parti Colorado (conservateur, au pouvoir depuis 1994), crédités chacun de 45% d'intentions de vote.
Pour 3,3 millions d'Uruguayens, le premier tour du 28 octobre a déjà marqué un tournant. En obtenant un record de voix (39%), le Rassemblement progressiste (alliance de socialistes, communistes, démocrates chrétiens et d'anciens guérilleros Tupamaros) est désormais la première force politique d'Uruguay. Dans un pays féru de politique, Tabaré est arrivé au faîte de sa popularité hors des sentiers battus. Né dans un quartier ouvrier de Montevideo, ce cancérologue de 59 ans est devenu en 1990 le premier maire socialiste de la capitale et a fait éclater une polarisation plus que centenaire entre les traditionnels partis Nacional (ou Blanco, centre droit) et Colorado, à l'exception de la période de dictature (1973-1985).
«La victoire de Tabaré marquerait la fin de la rotation au pouvoir de la droite», indique le sénateur social-démocrate Rafael Michelini. Pour l'analyste politique Luis Fernando Gonzalez de l'institut Cifra, «ce serait l'achèvement d'une transformation de l'échiquier politique.» Pourtant,