Belgrade accuse. Paris dément. «La France a été prise la main dans
la sac», jure Goran Matic. Et le ministre yougoslave de l'Information a décidé d'annoncer en personne l'arrestation par les services fédéraux de cinq «espions français», membres d'un groupe clandestin baptisé «Araignée» dont l'objectif aurait été l'assassinat du président Slobodan Milosevic. Outré, le porte-parole du Quai d'Orsay jugeait vendredi «de telles allégations sans fondement».
Pour étoffer leur thèse, les autorités serbes assurent avoir obtenu des aveux des membres du commando, dont le chef «Jugoslav Petrusic fait partie des services secrets français depuis une dizaine d'années». La télévision officielle, qui a filmé le détenu dans sa cellule, affirme pour sa part que l'homme répond au surnom de Dominic Yugo, pseudonyme effectif d'un intermédiaire d'origine yougoslave, marié à une Française, habitué des contacts sulfureux entre les officines serbes et certains réseaux français.
S'il s'agit bien de la même personne, la sécurité serbe aura toutefois du mal à plaider la surprise. Ce colosse à la voix de stentor ne cultive guère la discrétion. Très lié au milieu nationaliste des Serbes de Bosnie, il fait parler de lui en 1995, lors des négociations engagées avec Belgrade, avec l'aide de la Russie, pour obtenir la libération des deux pilotes français abattus au-dessus de Sarajevo.
Sous le pseudonyme de «colonel Hugo», le voilà qui réapparaît, début 1997, au Zaïre à la tête d'une phalange de mercenaires serbes