Moscou, de notre correspondante.
Lorsqu'il parle aux journalistes, le général Valeri Manilov a toujours un petit sourire satisfait. Numéro deux de l'état-major russe, il est l'un des porte-voix de l'opération en Tchétchénie. «Le nombre de victimes civiles? je l'ignore, dit-il. Tout ce que je sais, c'est que notre but est de les minimiser au maximum, et nous y réussissons.» Silencieux ces dernières années, les généraux russes redressent la tête. Pas un jour sans qu'ils ne pérorent à la télé ou donnent des interviews à un journal. L'«opération antiterroriste» en Tchétchénie est pour eux une formidable occasion de revanche après des années d'humiliation où ils ont, entre autres, subi une déroute en Tchétchénie en 1996, assisté à l'élargissement de l'Otan à l'Est et vu les crédits militaires drastiquement réduits.
«Nous allons reconquérir toute la Tchétchénie», a encore clamé Manilov, vendredi, devant la presse. Au fil de leur avancée, l'attitude des généraux a progressivement changé. Fiers de leurs succès, ils ont retrouvé leur arrogance d'antan. Se présentant comme des «libérateurs», ils rêvent désormais à voix haute de «la renaissance» d'une armée sacrifiée selon eux sur l'autel des réformes.
Aviation et artillerie lourde. Contrairement à certaines prédictions, l'armée a tiré les leçons de la première guerre russo-tchétchène (décembre 1994-août 1996). A l'époque, les généraux avaient envoyé l'infanterie combattre les boïviki (combattants tchétchènes) dans les villes et jusq