Après cinq mois de travaux, l'Ukraine a remis en marche vendredi à
l'aube la centrale nucléaire de Tchernobyl. Et plus personne ne compte sérieusement sur l'arrêt avant un an de cette bombe à retardement, que Kiev s'était pourtant engagé à fermer en 2000. Le réacteur numéro 3, le dernier opérationnel après la catastrophique explosion du 26 avril 1986, atteindra ce dimanche sa puissance de 1 000 mégawatts, selon les ingénieurs ukrainiens. C'est un réacteur à bout de souffle, vieux modèle soviétique de type RBMK à graphite, dont l'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) avait demandé l'arrêt d'urgence, pour cause de centaines de fissures dans la tuyauterie. Ces deux dernières années, il n'a ainsi pu tourner qu'une dizaine de mois, bien loin de fournir les 10% d'énergie nucléaire qu'il est censé produire. Retapé, ce réacteur redémarre aujourd'hui, car le gouvernement ukrainien affirme n'avoir d'autre choix: par moins 20 degrés, il faut chauffer les gens, et les Occidentaux n'ont toujours pas fourni l'aide promise. Si l'Ukraine s'était bien engagée en 1995 auprès du groupe des sept pays les plus industrialisés (G7) à fermer Tchernobyl en 2000, c'était en échange d'une aide de 3,1 milliards de dollars, dont 1,4 milliard pour achever la construction de deux réacteurs de substitution dans les centrales déjà existantes de Rivne et Khmelnitsky. En juin dernier, à Cologne, c'est à la demande de l'Allemagne que le G7 a gardé sous le coude l'argent promis. Sous la pression