Zagreb envoyée spéciale
La Croatie est entrée hier en campagne électorale alors que le président Franjo Tudjman, l'homme qui a donné l'indépendance à son pays, qu'il a dirigé pendant neuf ans d'une main de fer, agonise. Au grand dam de l'opposition, le chef du Parlement, Vlatko Pavletic, qui assume l'intérim du Président déclaré en état d'«incapacité provisoire», a décidé samedi de convoquer pour le 3 janvier des législatives décisives puisque, pour la première fois, le parti de Tudjman ne part pas favori dans les sondages.
L'état de santé du chef de l'Etat est à la fois le secret le mieux et le plus mal gardé du pays. Le nom de la maladie n'a jamais été officiellement prononcé et c'est par des indiscrétions que l'on sait qu'il s'agit d'un cancer de l'intestin, diagnostiqué la première fois en 1996. Les communiqués du conseil des médecins qui le soignent sont sibyllins: son état, qualifié de «grave», est ces derniers jours devenu «très grave». La presse regorge de détails provenant de sources anonymes: le Président est, dit-on, depuis des jours placé sous assistance respiratoire et sous dialyse, et sa vie ne tient plus qu'à la vigueur de son coeur, dopé à la Dopamine. Hier matin, le très progouvernemental Vecernji List concluait que la maladie de Tudjman était entrée «en phase terminale» et que «pratiquement toutes les possibilités [de traitement] étaient épuisées».
On ignore s'il s'agit d'une question d'heures ou de jours. Le secret est dans les mains des dirigeants de la Comm