Kuala Lumpur, envoyé spécial.
Au vu des résultats partiels, le Front national, la coalition gouvernementale dirigée par le Premier ministre Mahathir, au pouvoir depuis 1981, est en passe de l'emporter avec une très confortable majorité et le contrôle des deux tiers des sièges parlementaires. Pourtant, au World Trade Center de Kuala Lumpur où se trouvaient réunis la nuit dernière, autour du docteur Mahathir, les dirigeants de la coalition, l'humeur était sombre au fur et à mesure qu'étaient annoncés avec une lenteur inhabituelle les résultats dans les quatorze Etats de la fédération malaisienne.
Car la victoire probable de Mahathir, 73 ans, a toutes les allures d'une victoire à la Pyrrhus. Les électeurs d'ethnie malaise, qui constituaient depuis dix-huit ans la base du Premier ministre, ont voté massivement pour le Parti islamique pan-malaisien (PAS). Celui-ci, bien implanté dans le Nord, a au moins triplé le nombre de sièges qu'il détient au Parlement. Paradoxalement, Mahathir, défenseur de longue date de l'identité malaise face à la minorité chinoise, ne doit donc son succès qu'aux voix des Chinois.
«Les Chinois ont eu peur. Ils sont passés du côté du gouvernement», constate MGG Pillai, un journaliste politique local. La plupart des Etats de la fédération dont les villes sont peuplées majoritairement de Chinois Sabah, Sarawak, Malacca, Penang ont voté pour Mahathir, laminant comme jamais auparavant la formation prochinoise d'opposition. En revanche, le parti islamique, ou