Buenos Aires, de notre correspondante.
Les antécédents du général Domingo Bussi sont-ils compatibles avec la fonction de député? La Chambre des députés se prononcera aujourd'hui sur la demande d'exclusion pour «inaptitude morale» présentée par l'Assemblée permanente pour les droits de l'homme (APDH), et soutenue par une cinquantaine de parlementaires.
Au même moment, devant un tribunal de Buenos Aires qui enquête sur l'enlèvement d'enfants nés en captivité sous la dictature (1976-1983), les témoignages accablants s'accumulent. «Il y avait un centre clandestin pour les détenues enceintes à San Miguel de Tucuman. J'ai su que Bussi avait ordonné que l'une d'elles soit fusillée après l'accouchement et que l'enfant soit adopté», a raconté lundi un ex-gendarme.
Au milieu des années 70, l'armée argentine charge en effet Bussi de lutter contre des guérilleros de gauche implantés dans la région de Tucuman (nord-est). La répression est sanglante. «Pour combattre une quarantaine de militants de l'ERP (Armée révolutionnaire du peuple), Bussi a fait disparaître 700 personnes», s'indigne le député Alfredo Neme Scheij, à l'époque étudiant à Tucuman. En 1976, le général, qui a pris une part active au coup d'Etat, est nommé gouverneur de la province.
Lors du rétablissement de la démocratie, Bussi est accusé de multiples exactions. Il a lui-même torturé à mort et exécuté de sang-froid plusieurs détenus. Cela ne l'empêchera pas de bénéficier des lois d'amnistie «pour ceux ayant obéi aux ordres», c