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Libération

Un village tchétchène après sa reddition. A Atchkhoï-Martan, les tirs ont continué malgré les promesses russes.

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publié le 1er décembre 1999 à 2h12

Atchkhoï-Martan, envoyée spéciale.

Quelque chose s'est passé au bazar d'Atchkhoï-Martan. Les étals de fortune agrémentés de toile de plastique en guise de toiture sont en miettes. Des morceaux de bois jonchent la boue glissante. Une trentaine de femmes en bottes de caoutchouc pataugent en amont de l'emplacement habituel. Elles se sont «réfugiées» là, dans la montée vers la route asphaltée, parce que, la nuit précédente, des soldats russes se sont amusés à tout détruire. Lida, enroulée dans son foulard, raconte du bout des lèvres: «Ils ne viennent pourtant pas souvent ici, mais hier vers 17 heures, un BTR russe (un blindé, ndlr) est apparu. Ils voulaient échanger leur lance-grenades contre quatre bouteilles de vodka. Mais nous n'avons pas de vodka ici. Ils étaient tous saouls et on a dû les laisser faire"», explique-t-elle.

Dans cette bourgade à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Grozny, la population est encore sous le choc de l'entrée des Russes dans la région, après avoir subi des bombardements intenses pendant pratiquement tout le mois d'octobre. Sans eau ni gaz ni électricité depuis le début de l'offensive russe, Atchkhoï-Martan s'est rendu à la mi-novembre. La localité, essentiellement agricole, n'était défendue par aucun combattant.

Des tranchées. Dans les rues bordées de maisons de brique aux hauts portails toujours fermés, peu de gens se promènent. Quelques femmes portant des seaux en plastique ou en fer vont ou reviennent du puits. Des jeunes gens désoeuvrés, m