Abidjan, envoyé spécial.
Le temple du football ivoirien, le stade Félix-Houphouët-Boigny, était cerné hier par des policiers casqués et armés de fusils. Dans les quartiers populaires d'Abidjan, le déploiement des forces de l'ordre était également impressionnant. Dès lors, pour les partisans d'Alassane Ouattara, l'ex-Premier ministre et challenger du président Henri Konan Bédié, il n'y avait ni point de ralliement ni itinéraire possibles pour leur «grande marche contre l'arbitraire et pour la libération des opposants en prison». De toute la journée, il n'y a pas eu la moindre protestation dans la métropole ivoirienne. A Bouaké, dans le centre du pays, quelques barricades ont été vite démantelées et à Korhogo, la capitale du Nord, fief des «Alassanistes», la police a dispersé environ 300 manifestants au gaz lacrymogène. L'échec de la mobilisation démontre qu'après avoir été décapité à la suite d'une précédente marche, le 27 octobre, le Rassemblement des républicains (RDR), le parti de Ouattara, manque d'une implantation suffisamment solide pour résister à la répression.
Pour juguler toute contestation, le régime en place n'a pas lésiné sur les moyens. Hier matin, l'armée était en état d'alerte. Après avoir fait condamner à des peines de prison ferme seize dirigeants du RDR en vertu d'une «loi anticasseurs», les autorités viennent par ailleurs d'interdire, pour les six mois à venir, tout rassemblement sur la voie publique. Sauf les week-ends, avec des horaires et des itinéraires