Ecoles fermées, hôpitaux interdits aux femmes, villages calcinés et la capitale, Kaboul, détruite" l'Afghanistan était déjà en deuil de son présent et de son futur. A présent, elle l'est aussi d'une partie de son passé. Selon de récents témoignages photographiques, les deux Bouddhas géants de Bamyan (au centre de l'Afghanistan), construits vers le Ve siècle après J.-C. et qui symbolisaient les civilisations glorieuses qu'a connues ce pays, ont en effet été gravement martyrisés. Le Petit Bouddha, haut de 38 mètres, a perdu la moitié de sa tête à cause d'un bombardement. Quant au Grand Bouddha, d'une hauteur de 55 mètres ce qui en fait le plus imposant du monde , il a eu une partie du visage calciné par un feu de pneumatiques, les responsables semblant avoir cherché à effacer les traits du visage.
Abandon. Après la longue traversée de la nature, rude, hostile, bouleversée, tantôt glacée, tantôt brûlée, de l'Hazaradjat, une région de hauts plateaux, les deux bouddhas géants de Bamyan annonçaient à des kilomètres à la ronde le retour de l'humanité. Les deux sculptures racontaient aussi que l'Afghanistan n'avait pas été qu'une terre de grande barbarie, un tremplin pour des conquérants sanguinaires, à l'image du plus terrible d'entre eux, Gengis Khan, mais que les plus riches civilisations s'y étaient arrêtées, au moins le temps d'édifier quelques merveilles. Comme auréolés par les falaises dans lesquelles ils s'inscrivent, les deux immenses bouddhas exprimaient une telle beauté