Lugano, envoyé spécial.
«Boris Eltsine? Un homme merveilleux. On a parlé famille et bâtiment. Vous savez, il est ingénieur de construction de formation», raconte Behgjet Pacolli, 49 ans, installé dans son vaste bureau, quartier du Paradis à Lugano. Depuis des mois, le patron de la «Mabetex» est au coeur des enquêtes sur la corruption au Kremlin. Dans l'affaire Mabetex, pour la première fois, le président russe est directement visé. C'est dans les locaux de la société luganaise que la police helvétique a trouvé des documents qui indiquent qu'Eltsine et ses deux filles, Elena Okulava et Tatiana Diatchenko, avaient des cartes de crédit établies en Suisse.
Derrière le portrait de mère Teresa, les portes épaisses, les dorures et la secrétaire russe, l'homme qui est au coeur d'un cyclone médiatique et judiciaire international, reçoit simplement. Absence de cravate, tutoiement immédiat. «Il faudrait que je sois fou pour avoir donné une carte de crédit à Eltsine. Non?», lance-t-il. Pacolli a une explication pour tout, «parfois même plusieurs et pas toujours concordantes», confie un procureur helvétique. Mais l'homme dégaine rapidement. Il n'hésite pas à intenter des procès contre ses ex-partenaires commerciaux ou les médias lorsqu'il s'estime injustement attaqué.
Contrats mirifiques. Qui est vraiment Behgjet Pacolli? Un homme lié au crime organisé? Aux services secrets serbes? Ou un honnête self-made man, victime des guerres de pouvoirs en Russie? Youri Skouratov, procureur général de