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Libération
Portrait

Martin McGuinness, Sinn Féiner et ministre de l'Education du nouveau gouvernement. Le nationaliste flexible.

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publié le 3 décembre 1999 à 1h59

Depuis plus de vingt ans, l'un marche dans les pas de l'autre.

Lorsque Gerry Adams, président de Sinn Féin, s'assied à la tribune, Martin McGuinness s'y installe. Dans les rues qui manifestent, sur l'estrade des meetings, portant épaule contre épaule les cercueils des combattants de l'IRA, Adams et McGuinness ne se sont jamais quittés. Et pourtant. Cette proximité, cette image familière de l'imaginaire irlandais n'empêche pas qu'une poignée de main publique entre les deux hommes soit toujours observée avec soin. Décryptée comme la preuve du soutien de l'IRA à la politique de Gerry Adams.

Né à Derry en 1950, Martin McGuinness comprend vite ce que catholique veut dire en Irlande du Nord, province ayant pour maxime fondatrice: «Un Etat protestant pour le peuple protestant.» Elevé au sein d'une famille nationaliste de sept enfants, le gamin est éduqué par les frères chrétiens qui décrivent aujourd'hui le nouveau ministre de l'Education comme un élève «studieux et très populaire». Pourtant, McGuinness quitte l'école à 15 ans. En ces temps, un catholique a peu de chance de continuer ses études et tout autant de trouver un travail. Le jeune devient mécanicien, commis boucher et puis, «la rage au coeur», selon ses amis, se lance dans la bagarre pour l'égalité. Le 5 octobre 1968, Martin McGuinness rejoint la «Campagne pour les droits civiques». Organisé sur le mode de protestation non violent des Noirs américains, le mouvement est brisé. Des quartiers catholiques sont brûlés à Belfast,