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Libération

22 ans, abattue à la croisée des haines caucasiennes. Larissa, Ingouche, a été tuée par un soldat russe d'origine Ossète.

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publié le 4 décembre 1999 à 1h59

Landyrka (Ingouchie), envoyée spéciale.

C'était un jeudi, le 25 novembre. Larissa, 22 ans, et une de ses six soeurs, Lida, 16 ans, se tiennent sagement dans le petit kiosque en bois confectionné par leur père, occupées à ranger ce qu'elles n'ont pas vendu dans la journée: barres de Snickers, tablettes de chocolat, bonbons russes, sodas" Sur cette longue route droite qui mène à la frontière avec la Tchétchénie, distante de moins d'un kilomètre, les riverains ont dû s'habituer au bruit des blindés russes qui vont et viennent entre les différents campements.

Rafales. Ce jeudi, donc, un blindé s'arrête juste en face du kiosque de Larissa où les deux soeurs ont déjà installé des bougies, le quartier étant dépourvu d'électricité. Quatre soldats en descendent. L'un d'eux ouvre le feu en plein sur le kiosque. Larissa, qui se trouvait à l'intérieur, est blessée au pied droit. Elle tente de s'enfuir, aidée par sa soeur. Il y a des dizaines de témoins, presque exclusivement des enfants. Terrorisés, ils sont tous le ventre à terre dans la boue. Oumar, le père de la jeune fille, rentre du travail au moment même où il entend les premiers coups de feu. Il se précipite sur Larissa et tente de la transporter dans la voiture pour l'amener à l'hôpital. Le même soldat envoie alors une deuxième rafale, puis une troisième, sur la jeune fille touchée en pleine poitrine. Elle meurt quelques instant plus tard. La scène n'a duré que quatre minutes. «Alors que je la soutenais après les premiers tirs, el