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Libération

Au nord de la Côte-d'Ivoire, un clan mal aimé, symbole des déchirements du pays: «On va se tuer fort ici».

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publié le 6 décembre 1999 à 2h09

Korhogo, envoyé spécial.

C'est une étrange architecture. L'immense mur d'enceinte est surmonté, au niveau du portail, d'un aigle blanc, qui a bien deux mètres de haut, aux ailes déployées et avec un fil électrique dans le bec qui pendouille dans le vide, faute d'ampoule. Au-delà du mur, on aperçoit plusieurs bâtiments: une maison à étages, coiffée d'une antenne parabolique; une mosquée aux dimensions trop imposantes pour n'être qu'un lieu de prière familial; enfin, un appentis en parpaings maçonnés à la va-vite, sur lequel a été posé un monument doré représentant un homme assis et, derrière lui, un autre debout, écoutant attentivement. A Korhogo, tout le monde sait qu'il s'agit du «patriarche Coulibaly» et de l'un de ses fils, le père du maître des lieux, Kassoum. Ce dernier est le chef de file local du Parti démocratique de Côte-d'Ivoire (PDCI), l'ex-parti unique, à l'origine d'un conflit politique aux allures confessionnelles et régionales, depuis que le pouvoir central refuse à Alassane Ouattara, un «fils» du Nord, le droit de se présenter à la prochaine élection présidentielle ivoirienne (lire ci-contre). Opposant local. Député-maire jusqu'en 1995, Kassoum Coulibaly a été battu aux élections. Depuis, la ville des Coulibaly est passée aux mains du Rassemblement des républicains (RDR). Et Kassoum, le cacique d'antan, l'homme qui a fait fortune dans le transport avant d'acheter un hôtel, des magasins et des machines-outils aussi hétéroclites que son habitat, est l'opposant