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Libération

Mariage pincé en Belgique. Flamands et Wallons se réconcilient le temps d'une noce.

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publié le 6 décembre 1999 à 2h09

Bruxelles, envoyée spéciale.

Depuis quand Geneviève n'avait-elle pas acheté de vêtement? Elle ne s'en souvient plus. Il faut compter en années, elle en est sûre. Mais combien? «En tout cas, c'était avant l'affaire.» Geneviève est fonctionnaire à Bruxelles. Et l'«affaire», c'est Dutroux, bien sûr: 1996, enlèvements et morts d'enfants. Après, il y a eu le poulet à la dioxine, quatre ou cinq procès pour corruption. «La Belgique vivait une sorte de deuil permanent. On n'avait pas envie de se sentir beau.»

«Signe du ciel». Samedi, Geneviève voulait être «bien, le plus mieux possible». Elle a emprunté les bijoux de sa mère, dit-elle pour excuser un collier démodé. «Il nous arrive enfin comme un signe heureux du ciel. On veut y croire, penser que tout peut recommencer comme avant, redevenir un petit pays honnête où tout le monde s'entend bien.» La Belgique a marié l'héritier du trône, le prince Philippe, 39 ans, à Mathilde d'Udekem d'Acoz, 26 ans.

Près de l'hôtel de ville, sur la grand-place, où la journée commence par la cérémonie civile, le cortège s'arrête. Paraît la mariée. «C'est la reine de Star Wars», s'éblouit Mathilde. «Cendrillon au bal», renchérit une autre. «Jeanne d'Arc dans sa cuirasse, elle vient nous sauver», crie un troisième, épicier. Sur la caravane, sa famille a retiré le «B» de Belgique à côté de la plaque d'immatriculation avant les vacances en Espagne, l'été dernier: «La honte d'être belges, les commentaires des autres sur notre pays foutu. On n'en peut plus.