Il est le patron de presse qui fait peur en Côte-d'Ivoire. Directeur du quotidien le National, qui existe depuis un an et demi, Laurent Tapé Koulou s'en prend à tout le monde, sauf au président Henri Konan Bédié et au premier cercle du pouvoir, avec une virulence telle que le sous-titre de son journal «Quotidien ivoirien aux informations directes» apparaît comme un doux euphémisme. Ses cibles préférées sont l'opposant Alassane Ouattara et «les» étrangers en Côte-d'Ivoire, un tiers de la population. Aux yeux de Tapé Koulou, il s'agit là d'un pléonasme: Ouattara étant lui-même «étranger», prétendument d'origine burkinabé, «il n'a qu'à partir à la tête de tous les autres», des «4 millions d'illégaux qui mangent le pain des Ivoiriens». Le patron du National ne fait pas dans le détail. «Nous avons été trop gentils. On en a marre, dit-il. Je souhaite ardemment que les immigrés partent avant l'élection présidentielle en octobre prochain.»
Non-Ivoiriens. Maniée par Tapé Koulou, la statistique est une science facile. Sur les supposés 5 millions de non-Ivoiriens habitant dans le pays, il décrète «Moi, je sais, j'ai habité dans des quartiers d'immigrés à Abidjan» que seulement 1 million est en règle. Comme, par ailleurs, pas plus de 1 million ne serait né sur le sol ivoirien, et donc susceptible d'être naturalisé, le reliquat est expulsable. «Pourquoi serait-ce de la xénophobie? s'étonne-t-il. Ce n'est pas une insulte de dire à quelqu'un qu'il doit retourner dans son pays.» Surt