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Libération

L'espoir de l'Europe galvanise la société turque. L'acceptation de la candidature va accélérer la «petite révolution».

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publié le 11 décembre 1999 à 2h03

Istanbul, envoyé spécial.

Architecte et vétéran de nombreuses batailles civiques, il considérait depuis des années que la perspective de l'adhésion à l'Europe représentait le seul vrai levier pour un changement de la Turquie. Il en est plus convaincu que jamais. «La société civile a commencé à se mettre vraiment en mouvement; c'est une petite révolution qui va encore s'amplifier avec l'acceptation de la candidature d'Ankara à l'UE», assure Khoran Gümüs qui fut, en janvier 1997, l'organisateur du premier grand mouvement informel de protestation civile. Pendant un mois, quelque 10 millions de foyers ont chaque soir éteint la lumière pendant une minute pour protester contre les connivences entre certain secteurs de l'Etat, la mafia et le trafic de drogue sur fond de «sale guerre» contre les rebelles kurdes. Maintenant il préside une ONG engagée dans la reconstruction, créée comme des dizaines d'autres depuis le séisme du 17 août. «Cette tragédie a montré une nouvelle fois à quel point le système est bloqué et l'Etat archaïque. Mais cette fois la société a réagi, non plus seulement en dénonçant mais aussi en prenant directement les choses en main et en offrant des solutions concrètes», souligne Eröl Ozgaray, publicitaire et directeur de la revue Idea Politika, devenue l'une des tribunes de cette effervescence de la société civile inédite dans une République turque inspirée du modèle jacobin et héritière de la tradition absolutiste ottomane.

Réformes indispensables. Malgré un cadre