«Nous l’avons acheté, nous l’avons payé, il est à nous!» C’est en jurant de ne jamais abandonner le contrôle du canal de Panama que Ronald Reagan s’était lancé à la conquête de la Maison-Blanche. La ratification du traité, conclu en 1977 par Jimmy Carter, par lequel les Etats-Unis avaient accepté de restituer à Panama la zone du Canal, avait coûté au Parti démocrate la présidence, quand Reagan avait battu Carter en 1980. Vingt ans après, la bataille continue. La droite américaine a lancé depuis plusieurs mois un combat d’arrière-garde contre ce que l’ex-secrétaire à la Défense de Reagan, Caspar Weinberger, a décrit comme «la menace la plus directe à la sécurité nationale». L’abandon du Canal expose selon lui les Etats-Unis à un chantage de son nouvel «ennemi principal»: la Chine.
L'émoi des conservateurs a été exacerbé par le contrat, signé en 1997, qui a confié à la société hongkongaise Hutchinson-Whampoa la gestion de deux des quatre ports installés à chaque bout du Canal Balboa sur le Pacifique et Cristobal sur l'Atlantique. Cette société, que dirige le milliardaire chinois Li Ka-shing, gère une trentaine d'installations portuaires dans le monde. Elle a naturellement des liens avec la Chine. Il n'en faut pas plus pour que certains voient dans son implantation dans l'isthme la mise en oeuvre du scénario décrit (en 1996) par John Le Carré dans son roman d'espionnage le Tailleur de Panama. «Il serait illogique de la part des Chinois de ne pas saisir une chance de créer une