Berlin, de notre correspondante.
Un congrès sans Helmut Kohl: l'inimaginable s'est produit hier à Berlin. Pour la première fois depuis près d'une trentaine d'années, l'Union chrétienne-démocrate allemande (CDU) s'est réunie en petit congrès, hier, sans son patriarche, Helmut Kohl, chancelier de la réunification et président d'honneur du parti.
Depuis que l'ancien chancelier a dû avouer, il y a deux semaines, avoir eu recours à une «comptabilité séparée» pour gratifier secrètement telle ou telle organisation du parti, l'incroyable est de toute façon devenu quotidien à la CDU. Plus un jour ne passe sans de nouveaux soupçons sur l'origine des dons qui auraient alimenté ces comptes secrets. Ce week-end encore, le Français André Guelfi, intermédiaire de l'affaire Elf, a relancé les spéculations, en affirmant à une télévision allemande que des pots-de-vin étaient allés à des partis allemands. Mitterrand et Kohl étaient au courant, a assuré Guelfi.
«Je ne sais rien de tout ça», a aussitôt rétorqué Kohl, comme chaque fois qu'il est question d'un don douteux. Il n'empêche: par son absence hier, l'ex-chancelier a sans doute enclenché le douloureux processus d'émancipation du parti vis-à-vis de son ancien et glorieux patron. L'opinion publique l'exige: dans les sondages, son image, miraculeusement redorée depuis qu'il avait quitté le pouvoir, a brutalement rechuté, entraînant son parti avec lui. En un mois, la cote de la CDU a chuté de douze points, celle du Parti social-démocrate (SPD)