Moscou, de notre correspondant.
Dans l'assourdissant concert des voix qui, en Russie, approuvent, souvent sans réserve, les actions meurtrières de l'armée russe en Tchétchénie, rares sont celles qui protestent. C'est le cas des femmes du Comité des mères de soldats. Mais, qui les entend en Russie? Qui peut les entendre? Elles multiplient les déclarations, les conférences de presse: aucune télévision russe ne vient les filmer. Elles ont envoyé trois lettres ouvertes au président Eltsine et au Premier ministre Poutine: elles attendent toujours une réponse. Entre un rendez-vous avec une mère qui veut aller rechercher son fils dans une caserne avant qu'on l'envoie au front, et un conseil donné à un père de déserteur, l'une des animatrices de cet îlot de société civile russe, Maria Fedoulova, parle.
Certains disaient que l'opinion russe commencerait à changer avec l'arrivée des premiers cercueils de soldats morts. Ces cercueils sont arrivés et l'opinion continue à approuver largement la guerre en Tchétchénie. Pourquoi?
C'est d'abord que les Russes ont été très bien préparés à cette guerre. Souvenez-vous, en 1994, à la veille de la première guerre, on attribuait des tas d'assassinats à des «gens de nationalité caucasienne». Cette fois, il y a eu ces explosions et aussitôt on a parlé de «terroristes tchétchènes». Aussi simple que ça. Notre police est incapable de trouver les assassins de députés mais là, on «tenait» immédiatement les coupables" Cela a tout de suite engendré une psy