Jimmy Carter est revenu sur les lieux de son plus noble exploit diplomatique. C’est lui qui remettra, ce matin, les clés du canal de Panama au nouveau propriétaire. La présidente Mireya Moscoso se retrouvera alors à la tête d’un pays enfin totalement souverain, quatre-vingt-seize ans après la proclamation de son indépendance. C’est le 7 septembre 1977 que Jimmy Carter, à l’époque au pouvoir, avait accédé aux demandes du général Omar Torrijos, un dictateur «nationaliste de gauche», s’engageant à rétrocéder au Panama, le 31 décembre 1999 à midi, tous les avoirs US dans le pays: soit le célèbre canal creusé au début du siècle par les Etats-Unis, plus la zone de 10 kilomètres de large sur les deux rives sur laquelle Washington était censé exercer «à perpétuité» une pleine souveraineté, et même les quatorze casernes, forts et champs de manoeuvres destinés à la protection de l’ensemble. «Site stratégique».
Promesse tenue. Depuis juillet, il n’y a plus un seul soldat américain en garnison dans l’isthme, et la dernière bannière étoilée à flotter dans le ciel panaméen va être définitivement ramenée mardi, au fronton de l’ex-Commission du Canal (CCP) devenue «Autorité du canal de Panama» (ACP). Les Américains n’ont pas fait leurs valises d’un coeur léger. Certains ténors républicains du Congrès crient à la trahison de l’intérêt national (le canal est considéré comme un «site stratégique»), et Bill Clinton et Madeleine Albright ont préféré s’abstenir de participer aux célébration