Pristina, envoyé spécial.
Calculé en stères de bois ou en mètres cubes de gazole, le bilan des Nations unies s'avère impressionnant. Et pour bien souligner l'ampleur des efforts consentis par les puissances du monde en faveur de la petite province balkanique, chacun des responsables de la mission internationale était venu présenter hier, au côté de son chef, Bernard Kouchner, la liste exhaustive de ses réalisations depuis l'entrée à Pristina des troupes de l'Otan, il y a six mois. «Souvenons-nous de ces rues vides, de ces boutiques éventrées, pas d'eau, pas de travail. Des ruines fumantes. Des meurtres en pleine rue. Des corps abandonnés et des tas d'ordures. Pas un journal à acheter. Pas même une miche de pain. Pas un enfant à l'école.» A l'échelle de l'inventaire du représentant spécial de l'ONU, les embouteillages de véhicules tous terrains frappés aux sigles de plusieurs centaines d'organisations humanitaires ou les sautes d'humeur de la centrale électrique semblent des inconvénients mineurs. «Une pièce chauffée». Face à l'impatience d'une population durement éprouvée par la guerre, au-devant des paysans ruinés qui campent sur les décombres de leur ferme, ou aux revendications d'ouvriers d'usines vétustes, héritées d'une industrie socialiste moribonde, les directeurs des agences chargées de relancer la machine se sont livrés au difficile exercice de la mise en perspective, montrant la moitié pleine du verre dans l'espoir de faire oublier la partie toujours vide. «Grâce