Denis Mac Shane, député travailliste du Yorkshire, est un proche de
Tony Blair. Il revient, pour Libération, sur les conséquences de la crise de la vache folle.
Le refus de la France de lever l'embargo peut-il nuire à l'engagement européen des Britanniques?
Il a été vécu comme une gifle, même s'il ne faut pas le surdramatiser: le droit européen finira par faire son chemin. Les Britanniques ont eu l'impression que l'engagement européen de Tony Blair n'était pas très payant. Le boeuf est un grand symbole, chez nous, depuis des siècles. Ce n'est pas pour rien que vous nous appelez les «rosbifs». Nous avons vécu un peu honteusement le scandale de la vache folle. Mais nous avons pris des mesures de sécurité beaucoup plus contraignantes que dans les autres pays. La viande exportée ne passe désormais que par deux abattoirs. Mieux: les contrôles sur la nourriture du bétail sont aujourd'hui beaucoup plus sérieux qu'en France. Nous avons rempli les conditions exigées par l'Europe. Les discussions que nous avons eues avec les ministres des autres pays à commencer par la France nous ont alors laissé penser que l'embargo serait levé. Nous aurions alors démontré à notre opinion et à sa frange sceptique que l'Europe peut être utile à la Grande-Bretagne. Mais, second choc, arrive le second refus de la France.
Cette crise peut-elle affecter la politique de Tony Blair?
Cette affaire ne remet pas en cause ses convictions européennes. Mais il conforte clairement, dans mon pays, les anti-Europée