Saint-Pétersbourg, envoyé spécial.
Youri Choutov, candidat indépendant à la Douma dans le district 211 de Saint-Pétersbourg, est bien en mal de faire campagne, de prendre la parole à des meetings pour galvaniser ses électeurs ou d'accorder des interviews: il est au gnouf. Emprisonné depuis février, on accuse cet allié du gouverneur (maire) de Saint-Pétersbourg, Vladimir Iakovlev, d'au moins 7 meurtres. Et non des moindres: députés, directeurs d'entreprises, de banques, etc. Les enquêtes étant en cours, l'homme est juridiquement innocent et se présente devant les électeurs. S'il est élu député, il décroche le pompon de l'immunité parlementaire qui, en Russie, efface en un instant toutes les accusations, meurtre compris. Plus d'un voit dans ces législatives l'aubaine d'un recyclage respectable et protecteur (1).
Le seul endroit où Choutov, en personne, peut faire campagne, c'est au tribunal. La dernière fois c'était à la mi-novembre. Ce jour-là, les juges lui accordent la liberté provisoire. Ses supporters exultent et l'entourent, les juges sortent. Entre alors un escadron de policiers encagoulés et armés de kalachnikovs qui arrêtent Choutov sur-le-champ et l'embarquent, sa femme crie, etc. On apprendra qu'on l'accuse d'un nouveau meurtre.
Dévotion. Choutov peut compter sur quelques dizaines de partisans qui distribuent de temps à autre un pauvre tract électoral et sur l'hebdomadaire au papier triste, le Nouveau Saint-Pétersbourg (qu'il a créé), et où se multiplient les articles