Madrid, de notre correspondant.
C'est certainement l'épisode le plus macabre des GAL (Groupes antiterroristes de libération), cette «police parallèle» utilisée contre le séparatisme basque dans les années 80, qui va être passé au crible judiciaire. Hier, à Madrid, s'est ouvert officiellement le procès des meurtriers de «Lasa» et «Zaballa», deux jeunes membres de l'ETA disparus en octobre 1983 à Bayonne. Au cours des semaines à venir, vont se succéder à la barre une centaine de témoins pour «faire toute la vérité» sur le sort de ces deux Basques enlevés, séquestrés, torturés puis enterrés par les GAL.
Sur le banc des accusés, figurent sept personnes, dont Rafael Vera, ancien secrétaire d'Etat à la Sécurité et, surtout, Enrique Rodriguez Galindo, général de la garde civile et longtemps responsable de la prison basque de Intxaurrondo (à Saint-Sébastien), premier militaire à comparaître en Espagne depuis le procès du lieutenant-colonel Tejero, auteur du putsch avorté du 23 février 1981 aux Cortes. Pour Galindo seul, le parquet requiert quatre-vingt-douze années de prison et 30000 francs d'amende pour «appartenance à un groupe armé» et pour deux assassinats. Pour l'ensemble des prévenus, l'autorité judiciaire reclame quatre cent cinquante-huit années de prison et 2 millions de francs d'indemnités à verser aux familles des victimes.
Les faits reprochés remontent donc au début des années 80, lorsque l'ETA était particulièrement actif. Selon la chronologie admise, Galindo aurait alor