Plateau du Golan, envoyé spécial.
Ils avancent par petits groupes à travers les barbelés et les tranchées de béton, jettent un regard triste sur les bunkers entretenus comme des reliques, essuient une larme devant le monument aux morts et écoutent les explications dans un silence religieux jusqu'au moment où l'un d'eux s'écrie: «Pas de commentaire politique!» La guide, Ayala, vient de déclarer que si Israël descend du Golan, les habitants qui se trouvent en bas dans la vallée seront à nouveau sous le feu des canons syriens. «Aucune colline si haute soit elle ne nous a protégés des missiles de Saddam Hussein», assène son contradicteur.
Ce ne sont pas des touristes ordinaires. Tous ont perdu un fils à la guerre. Certains ici même, lors de la conquête du plateau en 1967. Champ de bataille. Rebaptisée Mitzpe Gadot, l'ancienne position ennemie domine le fleuve du Jourdain et le lac de Tibériade. L'histoire est proche, douloureuse, encore visible à l'oeil nu. Champs minés, bâtiments abandonnés, aux murs rongés par les balles. Ayala explique que 17 000 colons ont fait «verdir ce territoire désertique», négligeant au passage près de 100 000 réfugiés syriens, paysans pour la plupart. Son auditoire repart, sceptique. «Ça me fera mal de rendre le Golan, mais si c'est pour la paix!», déclare une femme dont le fils est tombé au Liban.
Le Golan sert à nouveau de champ de bataille. Les adversaires de sa restitution à la Syrie mobilisent chaque pierre, chaque vigne, chaque promontoire. Il y