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Libération

Dimanche, la Russie vote pour les législatives. Primakov, «marxiste raisonnable». L'alliance de l'ex-Premier ministre et du maire de Moscou en perte de vitesse.

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publié le 16 décembre 1999 à 1h59

Voronej, envoyée spéciale.

«Il ne faut pas vendre la terre, surtout pas à des spéculateurs et à des étrangers.» La salle, où dominent les têtes grisonnantes, éclate en applaudissements. Petite silhouette à la voix d'outre-tombe, Evgueni Primakov poursuit son discours. «Je suis marxiste, dit-il, mais je n'en fais pas une religion. Aujourd'hui, il faut être raisonnable et pragmatique.» Numéro un sur la liste du bloc électoral OVR, fruit d'une alliance entre Primakov, le maire de Moscou Iouri Loujkov et de puissants gouverneurs régionaux, l'ex-Premier ministre sillonne le pays pour faire campagne. A Voronej, important centre industriel et agricole, il est dans son élément. L'«oblast» (région administrative) fait partie de «la ceinture rouge», ces régions autour de Moscou traditionnellement acquises aux communistes. Lors de la présidentielle de 1996, le candidat du PC était arrivé loin devant Boris Eltsine avec 57% des voix.

L'OVR vise 20 à 25% des sièges de la future Douma. Un objectif ambitieux qui, cet été encore, paraissait à portée de mains. L'OVR semblait même en mesure de détrôner les communistes, première force au Parlement. Mais avec l'arrivée de Vladimir Poutine à la tête du gouvernement en août, l'alliance Primakov-Loujkov a pris du plomb dans l'aile. Au fur et à mesure de l'irrésistible ascension de Poutine dans les sondages, la popularité de Primakov a fléchi. L'OVR se voit même disputer la seconde place par le nouveau parti «Unité», créé par le Kremlin pour soutenir