En temps de guerre, Ehud Barak est un tueur. En temps de paix, c'est
encore un tueur, un tueur politique cette fois, apportant la même détermination, le même sens du combat, la même obsession du secret lorsqu'il s'agit de remporter une bataille. On l'a vu dans la conquête du parti travailliste, lorsqu'il a éliminé les autres prétendants, dont Shimon Pérès, aussi dans sa victoire des élections israéliennes et, aujourd'hui, dans son ambition d'amener la Syrie à engager des négociations. Il revient donc à un faucon de réussir là où ses prédécesseurs, de droite comme de gauche, ont échoué: reprendre les négociations avec Damas. Hostile à un retrait total du Golan, le Premier ministre israélien, âgé de 57 ans, l'a longtemps été, de la même façon qu'il avait été contre l'extension de l'autonomie palestinienne en Cisjordanie, s'abstenant, en septembre 1995, d'approuver cet accord. A présent, le faucon a mué en partisan de la paix mais il en a gardé les griffes, le sang froid et l'art de fondre à l'improviste sur ses adversaires. En plus, il est servi par une extraordinaire intelligence des situations, acquise notamment lorsqu'il servait dans les «commandos du chef d'état-major», la crème des unités d'élite. C'est là que ce natif d'un kibboutz a forgé sa personnalité, menant à bien nombre de coups d'éclat de l'autre côté des lignes ennemies. Lorsqu'il prend sa retraite de l'armée, en 1995, il est chef d'état-major de Tsahal et le militaire le plus décoré de l'histoire d'Israël. Eh