Lorsqu'en mars 1984, Farouk al-Chareh est devenu ministre des
Affaires étrangères, il apparaissait comme une simple doublure de Abdelhalim Khaddam qui, à l'ombre de Hafez el-Assad, était alors le vrai «patron» de la diplomatie syrienne. Quinze ans plus tard, les rôles se sont inversés au point que le chef de l'état syrien a chargé Farouk al-Chareh de conduire les négociations avec Israël. Entre-temps, celui-ci aura accumulé une énorme expérience diplomatique en sillonnant la planète pour expliquer une gageure parfois la politique de son pays, par exemple l'engagement syrien dans la coalition occidentale lors de la guerre du Golfe en 1990. Calme, souriant, mais sachant aussi être cassant, connaissant sur le bout des doigts les arcanes des pourparlers avec Israël et la rhétorique syrienne, ce responsable du parti Baas (au pouvoir à Damas) s'est taillé, au fil des années, une réputation de négociateur «déterminé, dur et pragmatique». Sa parfaite pratique de l'anglais et sa connaissance des Occidentaux y auront beaucoup contribué: il a fait des études de littérature anglaise et obtenu une licence en 1963 à Damas avant de décrocher un diplôme de droit international de l'université de Londres.
Né en 1938 à Mhardé, à cent kilomètres au sud de Damas, l'ancien directeur des bureaux de Londres de la Syrian Airlines, la compagnie aérienne nationale, commence sa carrière diplomatique en 1977 comme ambassadeur à Rome. Un long chemin au cours duquel il deviendra un homme de confiance